la lutte contre les parasites des cultures maraîchères
LUTTE INTEGREE
INTRODUCTION :
Bien souvent, la lutte contre les
parasites des cultures maraîchères se résume à l’application d’un pesticide.
Or, la prise en compte des paramètres agronomiques, économiques et écologiques
conduit bien parfois à discuter l’intérêt de certaines interventions trop
rapidement décidées. Il n’est pas bien sûr question de remettre en cause
l’intérêt dans bien des cas, des produits chimiques. Cependant, l’intégration
de quelques éléments de bon sens permet d’utiliser les pesticides à bon escient :
*Le
ravageur, le champignon ont un développement conditionné par l’interaction des
conditions climatiques, édaphiques avec le type de la plante cultivé (espèce,
variété) et un environnement biologique plus ou moins en équilibre (présence de
plantes relais, d’auxiliaires, de
parasites concurrents).
*La
plante cultivée selon son stade, sa variété mais aussi son état physiologique
supportera plus ou moins bien l’attaque du parasite.
*L’utilisation
d’un produit chimique peut avoir des effets non intentionnels sur la sélection
de races résistantes, sur l’équilibre biologique de la parcelle. Les conditions
d’emploi de chaque pesticide répondent à des règles précises : époques et
stades d’intervention, conditions climatiques lors de l’application.
*Enfin, les
techniques culturales mises en œuvre vont jouer un rôle à la fois sur le
parasite, l’état de la plante cultivée et la réussite de la lutte.
Cette liste
n’est pas exhaustive ; elle met simplement l’accent sur un certain nombre
de paramètres qu’il faut absolument ¨Intégrer¨ pour maîtriser la lutte contre
les parasites.
C’est au début des années 50
qu’apparaissent pour la première fois les termes de protection intégrée ou de
lutte intégrée. Elle visent à associer, intégrer en un système cohérent
différents procédés de lutte en utilisant leurs complimentarités, leurs
compatibilités.
DIFINITION DE LA PROTECTION INTEGREE :
La protection intégrée est l’emploi
combiné et raisonné de toutes les méthodes dont on dispose de façon à maintenir
les populations à un niveau assez bas pour que les dégâts occasionnés soient
économiquement tolérables.
On utilise pour cela :
*La lutte biologique qui utilise
les ennemis naturels du parasite,
*Les méthodes culturales qui
consistent à modifier une technique agricole :l’utilisation des variétés
résistantes, le décalage des semis, les rotations ou assolement, la
fertilisation équilibrée, le travail de sol.
*La lutte chimique,
AVANTAGES ET INCONVINIENT DE LA PROTECTION
INTEGREE :
Les principaux avantages de la
protection intégrée résident dans :
*Le ralentissement de
l’apparition des résistances contre les produits phytosanitaires,
*La réduction des risques pour la
santé des utilisateurs de pesticides,
*La réduction de la contamination
par les produits chimiques de l’alimentation et de l’environnement,
*La réduction de la dépendance
vis-à-vis des produits chimiques comme une étape pour une agriculture durable.
Toutefois, à l’opposé de la lutte
chimique, cette approche nécessite plus de technicité. Ce qui constitue son
inconvénient. En effet, elle requiert une plus grande connaissance des
interactions entre les ravageurs et leurs auxiliaires ainsi que les effets des différents
produits chimiques.
PRINCIPES DE LA PROTECTION INTEGREE :
1. Identification
de ravageur :
L’identification de la cible,
qu’elle soit un ravageur ou une maladie ainsi que celle des auxiliaires
indigents susceptibles d’agir, constitue un préalable à une protection plus
rationnelle. Une mauvaise identification peut induire un traitement inadapté
entraînant l’élimination de plusieurs espèces avec le même traitement et une
augmentation de charges inutiles.
2. Surveillance :
La surveillance constitue l’élément
fondamental de la protection intégrée. Une connaissance parfaite de le serre et
une tendance de l’exploitation est indispensable pour la protection intégrée.
La surveillance ne doit en aucun cas être
négligée en prétextant d’autres tâches. Elle doit être régulière et continue.
En effet, les mesures à prendre ne sont pas dictées par l’état d’une situation
à un moment donné, mais par son évolution.
Le est de repérer l’apparition des
maladies ou des ravageurs, de suivre l’évolution de la population des ravageurs
et de celle des auxiliaires, et d’établir la corrélation entre les deux, pour
une prise de décision adéquate. Cette prise de décision mènera inoluctablement
à une réduction notable dans l’application des produits phytosanitaires.
L’observation directe, avec une
loupe de poche, constitue la méthode la plus simple et la plus utilisée. Les
pièges à phéromones sexuelles permettent de situer le début de premier vol et
la fin du dernier, de déterminer les pics de vol et ainsi les périodes à
risques. Les plaques jaunes engluées ou pièges chromatiques permettent de
détecter la présence ou l’absence des auxiliaires.
3. Prise
de décision :
La prise de décision prend en
considération les données recueillies lors de la surveillance. Elle prendre
également en considération l’environnement et l’historique de l’exploitation,
la situation sanitaire et climatique, et la stratégie de l’exploitant. C’est la
part de travail la plus délicate. A chaque visite, chaque serre a besoin d’une
décision.
Le seuil d’intervention constitue
un outil de prise de décision. Ce seuil représente le densité du ravageur à
laquelle des mesures de lutte doivent être appliquées afin d’éviter que la
population du ravageur dépasse la densité qui entraîne les dégâts équivalents
en valeur au coût de lutte (seuil de nuisibilité). Toutefois, ce seuil
d’intervention est un facteur variable, qui dépend d’un certain nombre de
paramètres et ne peut donc avoir qu’une valeur indicative. Cette valeur peut
être révisée à la hausse ou à la baisse, au fur et à mesure que le technicien
acquiert de l’expérience avec le déroulement de l’infestation.
Ce seuil doit aussi considérer le rôle
des auxiliaires. En l’absence des auxiliaires, un seuil basé simplement sur la
présence des ravageurs sera suffisant. Si des auxiliaires sont à l’œuvre, il
faut en tenir compte et ajuster cet
indicateur en fonction.
La protection intégrée insiste
sur les méthodes de lutte qui sont les moins perturbateurs des ennemis naturels
tout en assurant un contrôle adéquat des ravageurs.
4. Lutte
biologique :
C’est un moyen de lutte qui fait
appel aux ennemis naturels des ravageurs pour maintenir la densité de ravageur
au-dessous des niveaux dommageables. Il existe deux types d’ennemis
naturels : Les prédateurs qui se nourrissent de leur proie et les
parasitoïdes au dépens de leur proie.
Pour réussir la lutte biologique, on doit
connaître le cycle biologique, la biologie et l’écologie de deux (ravageurs et
ennemis naturels). La lutte biologique peut avoir lieu soit naturellement soit
par l’introduction des ennemis naturels en quantité suffisante et au bon
moment.
Présentation de
quelques auxiliaires et des ravageurs des cultures maraichères.
Ravageurs
|
Auxiliaires
|
Pucerons
|
Aphidoletes aphidimysa
|
Aphelinus abdominalis
|
|
Aleurodes
|
Encarsia formosea
|
Macrolophus caliginosus
|
|
Acariens
|
Phytoseiulus persimilis
|
Trips
|
Orius laevigatus
|
Mineuses
|
Diglyphus isea
|
5. Méthodes
culturales :
Très souvent utilisées pour réduire le développement potentiel de
l’insecte et sont
combinées avec d’autres moyens de lutte. Il s’agit de toutes
les méthodes qui visent à
favoriser Au maximum la croissance des plantes. Ces
méthodes peuvent être la rotation des cultures Pour entraver le développement de
certains organismes ; La destruction des mauvaises herbesréservoir de
ravageurs ou de maladies ; le travail du sol pour empêchercertainsravageurs de Compléter leur cycle ; l’emploi de variétés ou portes greffes
résistants en vue de limiter les dégâts ; une fertilisation et une
irrigation équilibrée : *Maîtrise
de l’eau :
Les parasites de sol les
plus concernés par la saturation et la circulation de l’eau dans
le sol sont
ceux qui se propagent par Zoospores(ex : olpidium, pythium, phytophtora)
Sur les cultures menacées, on veillera à l’évacuation des eaux pluviales lors
de fortes précipitations (cultures sur
billons ou planches surélevées).
L’irrigation à la
rigole favorise les dégâts de phytophtora parasites
des racines(ex : Phytophtora capsici sur poivron). Par contre, P.
cactorum, qui pénètre dans les plants de
fraisier à la faveur d’eau persistant
à l’aisselle des feuilles, est favorisé par l’irrigation par aspersion. C’est quand la surface du sol
reste humide en permanence pendant plus d’une journée qu’on doit redouter
les
dégâts de Rhizoctonia solani au collet des plantes et sur les fruits en contact
avec le sol.
*engrais et
amendements minéraux : La fertilisation ménirale, par son équilibre,
ses carences ou ses excès peut influencer la gravité des maladies, mais il est
difficile d’énoncer
des règles générales, ne serait-ce que pour le pH(En
Bretagne, l’élévation de pH défavorise Plasmodiophora brassicae (Hernie de
crucifères), mais favorise Streptomyces scabies
(gale de la pomme de
terre)).
D’une façon générale on peut signaler l’influence défavorable de la
présence transitoire d’ammoniaque dans le sol,
à la suite d’application d’urée,
de matière organique riche en azote ou de fumier frais, sur
les pythium et
Phytophtora, sur Sclerotium et Pseudomonas solanacearum, et sans doute
de
nombreux autres parasites telluriques.
6. La
lutte biotechnique :
a-Régulateurs de croissance :
Ce sont des produits chimiques de synthèse
qui imitent ou inhibent les hormones naturelles
qui gouvernent le développement
des insectes. Ces régulateurs de croissance sont plus sélectifs, moins nocifs à
l’environnement et plus compatible avec la lutte biologique. Il y a trois type
de régulateurs de croissance : les inhibiteurs de la synthèse de la
chitine, les analogues des hormones juvéniles et les agents anti-hormone
juvénile.
b-Bio-pesticides :
Développés à partir des pathogènes
des insectes tels que les virus, les bactéries et les champignons. Ils ont
certains avantages par rapport aux pesticides traditionnels. Ils sont plus
sélectifs, généralement non toxiques pour les prédateurs ou les insectes
parasites, et ont moins
d’effet nocifs sur l’environnement. L’exemple du
Bacillus thurengiensis, efficace contre les larves
de lépidoptères, illustre ce
type de pesticides.
C-Confusion sexuelle :
A sa maturité, la femelle émet des
phéromones sexuelles pour attirer les mâles et favoriser
la rencontre du mâle
et de la femelle. En confusion sexuelle, ces substances sont diffusées en
continu
sur une surface à protéger. Elles empêchent ainsi la rencontre des
mâles avec les femelles. Les phéromones sont très spécifiques, et qu’aussi
inoffensifs pour la faune auxiliaire, les mammifère
s et l’environnement.
Toutefois l’application de cette méthode reste très limitée.
d-Lutte chimique
l’utilisation des pesticides dans ides dans
l’IPM n’est pas un péché écologique
mais son usage doit être judicieux et
sélectif. L’emploi de pesticides sélectifs
qui contrôlent le ravageur et qui
sont moins toxiques aux auxiliaires.
L’application des pesticides uniquement quand il faut et le moment d’application quand le
ravageur est plus vulnérable peuvent augmenter l’efficacité de la lutte
chimique tout en réduisant l’impact sur les ennemis naturels. Des techniques
d’application adéquates augmentent non
seulement l’efficacité des pesticides
utilisés mais permet aussi de préserver les auxiliaires et les
utilisateurs.