Engraissement à base de grain
Engraissement à
base de grain
Rations de transition
les agneaux ont besoin de recevoir une ration de
transition avant de passer à un nouveau régime et ce, pour préserver la santé
du rumen. La phase de transition permet à la flore microbienne de s’adapter aux
nouveaux aliments.Engraissement au grain
Prenons le cas d’agneaux élevés sous la mère avec un complément alimentaire et sevrés sans avoir consommé des quantités appréciables de fourrages (sevrage vers l’âge de 50 jours, au poids vif de 18–27 kg (40–60 lb)). Les recommandations suivantes peuvent s’appliquer :
- pendant les deux semaines qui
suivent le sevrage, continuer de distribuer le même complément aux jeunes
agneaux comme aliment « démarrage » (17 % de PB, 85 %
d’UNT, plus de la mélasse)
- aux agneaux de plus de 27 kg
(60 lb), distribuer une ration croissance/finition (15–16 % de
PB, 80–85 % d’UNT)
- aux agneaux de plus de 40-45 kg
(90–100 lb), donner une ration distincte (13–14 % de PB,
75–85 % d’UNT)
Engraissement à l’herbe (fourrages)
Supposons le scénario classique où des agneaux nourris à l’herbe ont besoin d’améliorer leur état de chair. Supposons également qu’ils ont reçu jusqu’ici un régime uniquement composé d’herbe ou de fourrages.
- Distribuer une « ration de
démarrage » comprenant au moins 90 % de fourrages (moins de ½ lb
de céréales par tête par jour). De préférence, servir le même fourrage
qu’au préalable, sinon un fourrage de valeur comparable.
- Distribuer cette ration de
démarrage pendant 1 semaine.
- En supposant que la ration de finition
voulue est constituée à 80 % ou plus de concentrés, prévoir au
minimum trois semaines (21 jours), et de préférence 4 semaines, de régime
de transition entre la ration de démarrage et la ration de finition.
Opérer la transition en augmentant par paliers égaux la proportion de
concentrés dans la ration.
Rationnement ou alimentation
à volonté?
Indépendamment
du matériel utilisé, on peut appliquer en gros deux méthodes pour distribuer le
grain aux animaux. L’une consiste à laisser l’animal manger à volonté (en
libre-service ou ad libitum) et l’autre, à limiter (rationner) la
quantité d’aliment à laquelle il peut accéder. Chaque méthode a ses avantages
et ses inconvénients et l’éleveur doit décider de celle qui lui convient le
mieux selon le matériel dont il dispose et selon ses possibilités en matière de
gestion du troupeau.Distribution à volonté
Pour l’alimentation en libre-service, on utilise souvent une distributrice de type trémie et on s’arrange pour qu’elle ne soit jamais vide. Dans ce genre de situation, il y a une réserve constante d’aliment et le producteur n’est pas obligé de fabriquer et de distribuer l’aliment à intervalles fréquents. Par contre, les agneaux sont plus portés à trier les ingrédients de l’aliment et il est impossible de contrôler les quantités ingérées et les comportements alimentaires. Les agneaux qui sont alimentés en libre-service sont plus susceptibles de se suralimenter, de prendre des repas irréguliers et de souffrir d’acidose. Pour l’alimentation à volonté, prévoir 10 cm (4 po) de longueur de mangeoire par agneau et s’assurer que les mangeoires ne sont jamais vides.
Rationnement
Le rationnement, ou restriction alimentaire, permet de contrôler les heures de repas et la quantité d’aliment fournie par repas et de ce fait de réduire les refus ou rejets d’aliments. C’est donc un puissant outil de conduite d’élevage. Il permet de mieux contrôler les quantités consommées, d’assurer une consommation plus égale des divers constituants de la ration (p. ex. du grain par rapport aux agglomérés) et de mesurer fréquemment la prise alimentaire des animaux pour connaître leurs indices de conversion. Par contre, le rationnement mobilise plus de main-d’œuvre, car l’aliment est distribué au moins deux fois par jour, et nécessite une plus grande longueur de mangeoire pour que tous les animaux puissent manger simultanément. En distribuant une quantité d’aliment qui représente 90–95 % de la quantité que les animaux consomment spontanément en situation de libre-service, il devient possible d’améliorer l’indice de conversion alimentaire. C’est une stratégie qui gagne en popularité dans le secteur de l’engraissement des bovins en parcs. On lui donne aussi le nom d’« alimentation 23 heures sur 24 ». Pour éviter les bousculades durant les repas, prévoir de 12 à 25 cm (5–10 po) de longueur de mangeoire par agneau et observer les animaux attentivement pendant qu’ils mangent.
Rations à texture grossière
ou rations en agglomérés?
Une fois que
l’on a opté pour l’engraissement au grain, on doit choisir le type de ration.
Chacune des options a ses avantages et ses inconvénients pour ce qui concerne
la gamme des aliments qui peuvent être utilisés, les besoins en matériel, les
coûts et la commodité.Rations à texture grossière
- permettent l’emploi de denrées
simples (maïs-grain entier, tourteaux de soya, etc.)
- on peut ajouter de la mélasse aux
rations sèches
- pour stimuler la prise alimentaire
- pour empêcher le tri, pour mieux
lier à l’aliment les minéraux et les substances médicamenteuses
- par contre, la mélasse complique
sérieusement la manipulation de l’aliment
- les rations à texture grossière
s’achètent ou se préparent à la ferme
- elles peuvent être distribuées
sous forme de ration totale mélangée à base d’ensilage et de denrées
simples.
- les petites céréales et le maïs
constituent 70–90 % de la ration totale en grain
- le supplément en granulés
représente entre 30 % et 10 % de la ration totale en grain
- la ration contient la quantité
recommandée de toutes les vitamines et de tous les minéraux et additifs
- selon le NRC, la prise alimentaire
baisse parfois lorsque la ration comprend des agglomérés
- les animaux risquent de trier les
ingrédients
- le producteur est contraint
d’acheter des aliments à l’extérieur, ce qui implique des coûts.
Traitement
du grain
On entend par
« traitement » la mouture ou l’aplatissage du grain. Il peut aussi
s’agir de concassage ou de broyage avec un broyeur à marteaux, etc. Les
agglomérés ou moulées sont des grains qui ont été traités avant d’être moulés
par compression en forme de bouchons ou de granulés. De façon générale, on
admet que le traitement des céréales ajoute environ 10 dollars par tonne au
coût de l’aliment à cause de la main-d’œuvre, de la consommation d’énergie et
de l’entretien des machines.Les ovins sont des ruminants. Ils peuvent tirer profit des fourrages en les faisant fermenter dans leur rumen, le plus grand des quatre réservoirs qui composent leur estomac. Le rumen n’est PAS un estomac acide comme l’estomac humain; il met en oeuvre une fermentation bactérienne et exige un pH neutre, c’est-à-dire l’équilibre entre l’acidité et l’alcalinité. Pendant la mastication des aliments, les glandes salivaires des ovins sécrètent un tampon (bicarbonate). Aussi la rumination (régurgitation et mastication) provoque une plus grande production de salive, ce qui est bon pour la santé du rumen. Les céréales grossières sont préférables dans la plupart des cas, car elles favorisent la rumination et apportent plus d’amidon qui est disponible pour la digestion pendant plus longtemps. Elles aident à prévenir l’acidose — l’acidification du milieu ruminal — un trouble métabolique à éviter. Chez les ovins, les grains entiers sont suffisamment gros pour être ruminés et mastiqués et n’ont donc pas besoin d’être traités, sauf dans le cas des jeunes agneaux (aliment complémentaire servi avant le sevrage). Le traitement du grain stimule la prise alimentaire, car des particules de petite taille sont plus appétissantes pour les agneaux. Pour ce qui concerne le traitement du grain, les règles approximatives sont les suivantes :
- pour les agneaux de moins de 9 kg
(20 lb) de poids vif, traiter tous les grains
- pour les agneaux de moins de 22 à
27 kg (50-60 lb), le maïs-grain doit être traité
- quand les agneaux font plus de 27
kg (60 lb), on peut leur servir des grains entiers sans risquer de
voir baisser la prise alimentaire, tout en tirant avantage des grains
entiers.
Éviter
de traiter le grain autant que possible. Dans la plupart des cas, il est
nécessaire de traiter seulement les rations pour jeunes agneaux. Dans certains
cas, la facilité de manutention offerte par les rations composées uniquement
d’agglomérés peut être suffisamment intéressante pour faire oublier leurs
inconvénients biologiques. Comparativement aux aliments industriels à base de
grains qui ont été moulus puis agglomérés, les grains entiers améliorent la
santé du rumen chez les agneaux. Or, une meilleure santé du rumen signifie une
meilleure performance zootechnique.
Conclusion
Les programmes d’alimentation spécialisés pour agneaux de boucherie sont
la stratégie idéale dans certaines situations, par exemple, lorsqu’on peut
accroître la marge bénéficiaire en investissant dans la complémentation
alimentaire et dans la main-d’œuvre. Le producteur doit modérer ses attentes en
fonction de son système de production. Divers aspects de la préparation des
rations doivent être pris en considération pour optimiser la composition en
éléments nutritifs et assurer la santé des agneaux. Le producteur a tout
intérêt à distribuer à ses agneaux de boucherie des rations spécialement
formulées à leur intention avec l’aide de son fournisseur d’aliments et de son
vétérinaire, pour s’assurer que tous les renseignements et tous les aspects
utiles sont pris en ligne de comptesource Christoph Wand - Spécialiste de la nutrition des bovins, des ovins et des caprins/MAAARO