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Maitriser le cout de l'alimentation en élevage bovin laitier

 Maitriser le cout de l'alimentation en élevage bovin laitier

 

Faire face à la flambée des prix des aliments : un enjeu fort pour les producteurs de lait

La forte hausse des prix des matières premières destinées à l’alimentation animale pousse les producteurs de lait à rechercher des solutions pour limiter l’impact de ce phénomène sur leurs élevages. En août 2012, le prix du tourteau de soja a d’ores et déjà approché les 570 €/tonne aux ports de l’Ouest. La maîtrise du coût alimentaire des rations d’automne et d’hiver des vaches laitières s’avère être cruciale pour espérer maintenir les revenus des éleveurs. Des recommandations techniques efficaces existent. Revue de détail.

 Maximiser l’ingestion de fourrages

 Maximiser l’ingestion de fourrages permet

d’économiser du concentré

La ration des vaches laitières est très majoritairement constituée de fourrages (Figure 1).


Figure 1 : Part des principaux composants de l'alimentation des vaches laitières en France (Source : Observatoire de l'alimentation des vaches laitières, 2011).

Ce sont en priorité ces fourrages, plus économiques à produire que les aliments concentrés, qui doivent être consommés par les animaux. Pour cela, 4 points sont à respecter :
1) le nombre de places disponibles à l’auge doit être suffisant pour permettre un accès régulier à la ration distribuée, sans souci de dominance1. On recommande :
• un cornadis par vache ;
• 0,5 m d’intervalle de barre au garrot ;
• 1 m pour 3 vaches en libre service.
1 L’écornage de l’ensemble des vaches en stabulation libre est recommandé pour éviter les dominances préjudiciables à l’ingestion des animaux les plus faibles.

2) La préparation de la ration doit être réalisée avec soin : tri des parties moisies, découpe franche du silo, nettoyage quotidien du pied de silo, limitation des entrées d’air sous la bâche d’un ensilage.
3) La ration doit être appétente, distribuée à volonté et apportée quotidiennement. Pour cela, les refus doivent représentés environ 5 % des quantités distribuées et sont consommables.
4) Maximiser l’ingestion de fourrages permet d’économiser du concentré, à condition que l’équilibre de la ration soit préservé.

Réserver les fourrages de bonne qualité aux vaches en lactation

Plus les fourrages sont récoltés proches de leur stade optimal de récolte, moins ils nécessitent de complémentation en énergie et/ou en azote. Ainsi, l’herbe récoltée en 2012 sous forme d’ensilage et d’enrubannage est de qualité moyenne, compte tenu des conditions climatiques au moment des chantiers de récolte. A l’inverse, la récolte des maïs 2012 s’annonce plutôt bonne, sous réserve qu'elle se fasse au stade optimal de maturité des grains (stade laiteux-pâteux) et à  une teneur en matière sèche de la plante entière comprise entre 32 et 35 %.
Afin de limiter les apports de concentrés et ainsi maîtriser le coût alimentaire, les meilleurs fourrages doivent être distribués aux vaches en lactation. Toutefois, il faut s’assurer que les animaux qui recevront les autres fourrages (génisses et vaches taries principalement) ne soient pas trop pénalisés par ce choix.
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En pratique...Réussir la confection d'un ensilage maïs
La qualité d'un ensilage de maïs se joue aussi au moment de la récolte. Cinq règles sont incontournables.
1) Bien choisir la date de récolte
Le stade optimal de récolte du maïs ensilage se situe entre 32 et 35 %  de MS  dans la plante entière. A ce stade, le grain est laiteux-pâteux : il s'écrase difficilement mais se raye à l'ongle.
Optimiser le stade de récolte, prendre le temps de bien tasser et donc d’assurer un débit de chantier raisonnable, assurer des tailles de coupe adaptées sont des points sur lesquels il faut veiller lors de la récolte des ensilages de maïs et d’herbe.
2) Maîtriser la finesse de hachage 
Il s'agit là d'un vrai casse-tête ! Il faut tout à la fois chercher à hacher fin pour permettre un bon tassement du silo et conserver suffisamment de brins longs pour faire mastiquer les vaches. Ainsi, les gros morceaux (> 20 mm) ne doivent pas dépasser 1 % du total (soit la valeur d'un gobelet pour un seau de 10 litres) et les particules moyennes, comprises entre 10 et 20 mm, constituer environ 10 % du total.
L'attaque des grains dépend de la maturité de la culture. L'amidon vitreux des maïs à plus de 32 % de MS doit être fractionné pour optimiser sa digestion. Prévoir un éclateur de grains sur l'ensileuse.
3) Ajuster la taille du silo en fonction de la vitesse d'avancement du front d'attaque
Pour éviter les échauffements du front d'attaque et l'apparition de moisissures, la vitesse du front d'attaque doit être d'environ 10 cm par jour en hiver et 20 cm par jour en été.
4) Eviter l'apport de terre dans le silo
La terre qui peut être apportée par les roues des tracteurs et remorques lors de la confection du silo est une source potentielle de spores butyriques, qui peuvent être préjudiciables à la conservation du fourrage. Pour éviter ce risque, préférez les silos sur sol bétonné et des conditions de récolte sèches.
5) Bien tasser le silo
Le tassement du silo doit être efficace pour chasser le maximum d'air et permettre le processus de fermentation anaérobie. Le tracteur tasseur doit avoir suffisamment de temps entre 2 remorques pour réaliser ce tassement. La fermeture du silo doit également être la plus hermétique possible : bâche plastique parfaitement posée et bien protégée.


Valoriser au maximum les fourrages riches en protéines


Utiliser les légumineuses disponibles pour réduire les apports de correcteurs azotés

L’apport des légumineuses est une solution pertinente lorsque le prix du correcteur azoté s’emballe. La plus connue, la luzerne, est une réelle opportunité pour diversifier la ration tout en limitant l’apport de tourteaux. Les différentes formes d’apport comme l’ensilage, l’enrubannage, le foin, les bouchons déshydratés permettent de maintenir des performances zootechniques à un bon niveau (voir Tableau 1). Ainsi, faire ingérer 2,5 kg de foin de luzerne accompagnés de 0,5 kg de céréale en remplacement de 1 kg de MS d’ensilage de maïs et de 1,5 kg de foin de graminée permet de diminuer l’apport de tourteau de soja de 0,5 kg/VL/j. Le coût de l’apport de céréales sera largement compensé par l’économie de correcteur azoté

Tableau 1 : Valeurs alimentaires de quelques légumineuses (Source : Tables d'alimentation Inra, 2007)
Type de fourrage% MSUFL
(/kg MS)
PDIN
(g/kg MS)
PDIE
(g/kg MS)
Ensilage de luzerne19,70,7711067
Foin de luzerne850,6210787
Ensilage de trèfle violet21,60,8110556

Les légumineuses peuvent aussi être associées aux graminées, notamment au pâturage. Ce type de pâturage offert en été et à l'automne présente une bonne teneur en MAT, ce qui permet de diminuer les apports de correcteurs azotés. De forts rendements sont aussi possibles avec des associations comme ray grass hybride-trèfle violet qui ont le mérite de pouvoir être fauchées ou pâturées. Pour l’avenir, il sera probablement pertinent de reconsidérer la place des légumineuses fourragères dans les systèmes fourragers.
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©P.Bourgault/CNIEL
Conseil
Dans le futur, il faudra chercher à constituer un vrai stock de protéines (herbe ou mélange graminées-légumineuses) pour l’hiver en assurant des récoltes de bonne qualité.

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Valoriser toute l’herbe disponible, source de protéines

Pour diminuer la dépendance aux protéines achetées, il est indispensable de valoriser toute l’herbe disponible. L’herbe pâturée est à mettre au menu des vaches le plus longtemps possible à l’automne. Quand la portance des sols et la pluviométrie le permettent, les parcelles accessibles doivent être utilisées avant la rentrée définitive à l’étable pour l’hiver. Faire pâturer à temps partiel (journée seulement) permet aussi des économies sans risque d’excès d’azote soluble.
L’herbe d’automne présente de très bonnes valeurs alimentaires :
• Graminées pures : 1 UFL, 110 g PDIN et 90 g PDIE (/kg MS) ;
• Mélange graminées-légumineuses : 1 UFL, 130 g PDIN et 100 g PDIE (/kg MS).
A titre de comparaison, l’ensilage de maïs titre 0,9 UFL, 45 g PDIN et 65 g PDIE (/kg MS).
La maximisation du pâturage avec une bonne herbe feuillue d’automne peut permettre des productions comprises entre 22 et 25 kg de lait/jour, quand la vache ne consomme que de l’herbe de qualité (16 à 18 kg MS ingérés/VL/j). Concrètement, 1 kg MS d’herbe ingérée entraine une économie de 250 à 350 g de tourteau de soja. L’ingestion de 4 kg MS d’herbe par jour permet donc de se passer d’environ 1 kg de correcteur azoté.

Des repères existent pour valoriser au mieux la prairie à l'automne : entrer dans une parcelle à 10-12 cm de hauteur d’herbe et surtout avoir pour objectif principal d’en sortir à 5-6 cm. Naturellement, cette période constitue une transition entre le pâturage et la ration « hivernale » et elle doit répondre à des recommandations pour éviter de trop perturber le rumen. Selon la quantité de fourrage distribuée, la transition peut durer de 5 à 10 jours. Quand l’ensilage de maïs apporté représente moins de 25 % de la ration, il n’est pas nécessaire d’apporter du correcteur azoté. Au-delà, un apport peut être nécessaire, à hauteur de 200 g de tourteau de colza par kg MS d’ensilage de maïs distribué.
En conditions de pâturage normales à libérales (herbe à volonté), l’apport de concentré énergétique a une efficacité faible. Sa distribution doit donc se faire de façon modérée afin de limiter le coût alimentaire. Dans le cas d’une gestion du pâturage plus sévère, le concentré a une efficacité supérieure : en moyenne, proche de 1 kg de lait par kg de concentré consommé.
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Recommandations pratiques pour bien valoriser le pâturage d'automne
• Pour favoriser l’ingestion, l’éleveur peut habituer les animaux à ne sortir que quelques heures après la traite du matin. Les vaches peuvent donc s’adapter à un temps d’accès restreint au pâturage sous réserve de réaliser ce type de conduite sur plusieurs jours consécutifs.
• Pour bien valoriser le pâturage, l’éleveur doit apporter le fourrage complémentaire à l’auge le soir, ne rien apporter avant la sortie au pâturage, rentrer le troupeau à l’étable la nuit à partir d’octobre si les conditions sont trop froides, prolonger le pâturage jusqu’en novembre si la portance le permet.


Implanter des couverts d’automne

Les couverts d’automne/hiver pour pâturer (colza fourrager, RGI, chicorée, trèfle d’Alexandrie) ou récolter (trèfle incarnat, avoine brésilienne…) peuvent également présenter un intérêt économique en période de prix élevé du correcteur azoté même si l’élevage n’est pas en déficit de fourrages.  Ce sont en effet des fourrages riches en azote soluble qui peuvent, surtout lorsqu’ils sont pâturés, permettre une économie importante de correcteur azoté. Ils exigent cependant un travail supplémentaire à la fois pour leur implantation mais aussi pour l’aménagement du pâturage (au fil, en général).


Limiter l’apport de concentrés

Le plus n’étant pas le mieux, deux approches peuvent être efficaces pour limiter l’apport de concentrés.
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Approche 1 : viser un niveau azoté de 95 à 100 g PDI/UFL

Le meilleur compromis entre les niveaux azoté et énergétique de la ration se situe autour de 95 à 100 g PDI/UFL. Cet équilibre permet une bonne valorisation des fourrages, notamment lorsque la ration est riche en ensilage de maïs. C’est également autour de ces valeurs que l’ingestion atteint son maximum : entre 20 et 25 kg MS/VL/j, si la ration est distribuée à volonté (5 % de refus consommables). Passer de 110 à 100 g PDI/UFL permet d’économiser 1,4 kg de tourteau de soja ou 2,2 kg de tourteau de colza par vache et par jour. La baisse de production associée est limitée à 0,9 kg de lait par vache et à 0,3 g de TP. Cette pratique est économiquement intéressante quand le prix des correcteurs azotés est élevé. On pourra même réduire la concentration azotée à 90-95 g PDI/UFL si le cheptel et les fourrages ne sont pas limitants pour finir de réaliser son quota en économisant fortement sur le correcteur (- 0,5 à - 1 kg de correcteur/vache/jour par rapport à une ration à 100 g de PDI/UFL).
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Approche 2 : limiter l’apport de concentré de production dans la ration collective

Limiter les quantités de concentré de production en ration semi-complète permet de maintenir l’ingestion de fourrages. Le concentré de production distribué en plus de la ration collective a un rendement marginal modéré, en particulier parce que l’ingestion de fourrage diminue (- 0,5 kg MS de fourrage/kg de concentré). En pratique, ce rendement est de + 0,7 à + 0,9 kg de lait/kg de concentré supplémentaire. Ce rendement dépend toutefois du niveau d’apport initial de concentré et du type de ration (voir tableau 2).

Tableau 2 : Effet de l’apport marginal d’un kg de concentré de production sur l’ingestion de fourrages, la production de lait à 4 % et le taux protéique

Rations
(fourrage à volonté)

Effets sur
Apport total de concentré par VL
<= 4 kg/j> 4 kg/j
Ens. maïs seul ou
2/3 maïs + 1/3 ens. herbe ou
1/2 maïs + 1/2 ens. herbe
l'ingestion de fourrage (kg MS)
la production lait à 4 % MG (kg)
le taux protéique (g/kg)
- 0,6
+ 1,0
+ 0,1
- 0,7
+ 0,5
+ 0,1
Ens. herbe + regain + foin
ou
Foin et regain
l'ingestion de fourrage (kg MS)
la production lait à 4 % MG (kg)
le taux protéique (g/kg)
- 0,5
+ 1,0
+ 0,3
- 0,5
+ 0,5
+ 0,2

Comme le prix du concentré de type VL18 va probablement approcher les 300-320 €/tonne et comme le prix du lait risque d'atteindre les 300 €/1000 litres de lait d’ici la fin de l’année, il faudra être vigilant sur les apports afin de limiter les pertes économiques.


Raisonner le type de correcteur azoté en fonction des prix

Le tourteau de colza toujours plus intéressant que le tourteau de soja

En moyenne, sur les quinze dernières années, le tourteau de colza industriel a toujours eu un prix inférieur à celui du tourteau de soja. D’un point de vue technico-économique, il devient intéressant de considérer cette matière première dès lors que son prix est inférieur à 80 % du prix du tourteau de soja.
Ce prix d’intérêt du tourteau de colza tient compte du fait que les régimes à dominante ensilage de maïs nécessitent un apport de minéraux sans phosphore. Les effets zootechniques étant moindres sur les régimes herbagers, le prix d’intérêt à considérer sera, pour ces régimes « herbe », de 70 % du prix du tourteau de soja.

 
Figure 2 : Rapport de prix (en %) entre le tourteau de colza industriel et le tourteau de soja industriel (Source : FOP)

Ce prix d’intérêt du tourteau de colza tient compte du fait qu’il faut 1,5 kg de tourteau de colza pour remplacer 1 kg de tourteau de soja. De plus, les régimes à dominante ensilage de maïs nécessitent un apport de minéraux sans phosphore, du fait de la richesse du tourteau de colza en cet élément. Les effets zootechniques étant moindres sur les régimes herbagers, le prix d’intérêt à considérer sera de 70 % du prix du tourteau de soja.
Le prix du tourteau de soja risque d’atteindre la barre des 600 €/tonne dans les mois à venir. Toutefois, le seuil de 80 % du prix du tourteau de soja ne sera probablement pas atteint. Le tourteau de colza continuera donc d’être concurrentiel en production laitière.
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Les coproduits, d’autres alternatives pour l’alimentation des vaches laitières  

De nombreux coproduits peuvent être utilisés de façon sûre dans le rationnement des vaches laitières : drêches de blé, drêches de maïs, fibres de blé, etc.
Les drêches de distillerie de blé représentent aussi une ressource azotée intéressante. Les performances attendues sont similaires à celles obtenues en utilisant un tourteau de colza (voir tableau 3). Le remplacement étant du 1 pour 1, le prix d’intérêt de ces drêches sera similaire à celui du tourteau de colza industriel par rapport au tourteau de soja.

Tableau 3 : Résultats de l’essai zootechnique portant sur l'effet comparé des drêches de distillerie de blé et du tourteau de colza sur les performances zootechniques des vaches laitières (Source : Rouillé, 2011)
Lot expérimentalTourteau de colzaDrêches de blé
Effectif de vaches laitières
1919
Ingestion (kg MS totale/VL/j)
23,221,8
Lait brut (kg/VL/j)
37,737,4
Lait standard (kg/VL/j)
36,8
35,6
Taux butyreux (g/kg)
38,4
36,9
Taux protéique (g/kg)
30,6
29,5 *
* : différence significative par rapport au témoin au seuil P < 0,10

Les drêches de maïs sont aussi une alternative crédible. En effet, elles peuvent remplacer tout ou partie du concentré de production en maintenant les performances zootechniques. Comme pour les drêches de blé, une légère baisse du TP peut être constatée.
D’autres coproduits, comme les fibres de blé, sont également utilisables pour remplacer tout ou partie du concentré mais leur disponibilité est limitée. Lorsqu’ils sont disponibles, leur utilisation est généralement économiquement intéressante pour les éleveurs disposant de plateforme bétonnée pour leur stockage (produits humides, livraisons en 25 tonnes).

source  idele.fr

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